Il est hors de question dans un article de blog de donner tous les fondements du néolibéralisme.

Des ouvrages entiers sont consacrés à cette question. Je renvoie aux travaux synthétiques de Pierre Manent, particulièrement éclairants, ou encore au dernier opus de Christian Laval, L’Homme économique, essai sur les racines du néolibéralisme.

Pour ce qui est des articles en ligne, celui-ci de Pierre Bourdieu est remarquable dans sa visée synthétique.

Le libéralisme économique est né des travaux d’Adam Smith, qui était un disciple de Hume.

Le projet philosophique de Hume était d’appliquer la physique de Newton au domaine de l’esprit. Nos idées sont soumises aux lois de l’association comme les corps célestes sont soumis aux lois de la gravitation.

Qu’il y ait des lois invisibles qui gouvernent les réalités, telle était la conviction de ces hommes.

Smith appliqua ces convictions au domaine de la création des richesses et fonda la science économique : il découvrit qu’il y avait « une main invisible » qui dirigeait les échanges économiques. Cette main invisible est un autre nom pour la Providence divine.

L’histoire a montré les limites de ce libéralisme économique qui conduit à la concentration des richesses dans les mains de quelques uns et à l’exploitation des autres.

Cela a conduit à la pensée socialiste et communiste comme remèdes collectifs aux maux du libéralisme économique, mais l’effondrement du bloc soviétique dans les années 1990 a conduit les libéraux à affirmer qu’il n’y avait pas de meilleur régime économique que l’économie de marché et de régime politique que la démocratie parlementaire …

Ces deux convictions forment la base du néolibéralisme.

Pour les néolibéraux, rien n’échappe à l’économie de marché : tout peut s’acheter et se vendre.

Tout peut devenir une marchandise : la connaissance, la santé, l’éducation, l’air que nous respirons, la vie …

C’est cette hégémonie du marché qui menace nos libertés individuelles : c’est le triomphe de l’objet.

Si les objets règnent en maîtres dans nos vies, alors les relations humaines sont conçues, vécues sur ce mode. Les gens sont comme des objets que l’on consomme ou que l’on jette selon le plaisir ou déplaisir qu’ils nous ont procuré.

Il n’y a plus aucune considération morale dans le rapport à autrui, à l’exception des milieux religieux…

C’est en ce sens que le néolibéralisme a des incidences sur la subjectivité postmoderne…

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